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Dynamique des boisements naturels en Provence
Reçu : 1 avril 1999;
Publié : 1 avril 1999
Résumé
La région méditerranéenne française, particulièrement concernée par une importante déprise agricole depuis le début du XXe siècle, constitue aujourd'hui une zone d'étude privilégiée pour établir une synthèse sur la dynamique post-culturale des boisements naturels. Les modèles spatiaux, regroupant les différentes formations préforestières et forestières à stratégie démographique expansionniste, représentent les situations les plus remarquables en terme de dynamique. Parmi ces modèles, trois catégories peuvent être distinguées : i) les modèles expansionnistes à temps de colonisation court, ii) les modèles expansionnistes à temps de colonisation court, mais d'installation durable et iii) les modèles expansionnistes à déterminisme zoochore. Ces trois modèles s'expriment au cours des successions post-culturale et/ou post-incendie, à travers des cortèges floristiques différenciés suivant une zonation géographique depuis la Basse Provence jusqu'aux Alpes méditerranéennes. La production d'un biovolume important et une forte représentation spatiale sont des caractéristiques communes à ces trois modèles, que l'on s'intéresse aux formations arbustives ou aux essences forestières. Pour les milieux très contraints notamment sous l'effet de perturbations récurrentes, la dynamique des peuplements ligneux relève alors des modèles de résistance. Ces derniers se distinguent des modèles expansionnistes par des temps de génération beaucoup plus longs, des productions de diaspores réduites (avec une variabilité inter annuelle), un fort renouvellement végétatif (avec une importante aptitude au recépage et au développement de systèmes axillaires), une faible compétition inter-spécifique (par forte occupation spatiale de quelques individus dominants). Dans les cas de déprise forestière ou d'abandon cultural ancien sans perturbation, l'évolution de la végétation peut être assimilée au modèle de stabilisation qui se traduit pour une grande partie de la région méditerranéenne par l'installation et le développement de la chênaie pubescente de manière durable. Enfin, au delà de l'analyse phytoécologique de la dynamique des peuplements boisés, les statistiques forestières et agricoles ainsi que l'étude des principaux changements sociaux permettent d'illustrer et d'affiner l'interprétation des modèles présentés, en particulier à travers la progression spectaculaire depuis cent ans des conifères expansionnistes et des chênes caducifoliés, ainsi que les bouleversements dans les modes d'utilisation du sol.